Qui n'a jamais éprouvé la désagréable impression d'être suivi, d'une présence ? Comme un regard sur la nuque, quelquefois accompagné de frissons. On lève les yeux, on cherche l’observateur indiscret… rien !
Qui, dans la rue, ne s'est pas retourné, persuadé d’être suivi, sans remarquer personne ?
Pour Till tout avait commencé ainsi, par cette étrange sensation de présence. Une présence ressentie comme malveillante, sournoise, tapie dans l’ombre.
De plus en plus, il avait éprouvé le sentiment d’être suivi. Lors de ses sorties, il s’était retourné régulièrementpour observer les gens qui l’entouraient dans la rue, dans les établissements publics, partout où il se rendait ; et cette sensation était devenue plus forte encore lorsqu’il rentrait chez lui, entre ses propres murs.
Homme rationnel et équilibré, il avait beau essayer de ne pas céder à ce qu'il considérait comme une véritable paranoïa, il ne pouvait s’empêcher de relever la tête à tout moment, imaginant trouver quelqu’un en face de lui, une tête indiscrète glissée dans une porte entrouverte, quelqu’un qui serait entré silencieusement dans la pièce.
La grisaille de l’hiver ayant fini par disparaître, la douceur du printemps, puis le soleil de l’été auraient dû chasser ce sentiment d’oppression. Même le travail ne parvenait pas à lui faire oublier cette curieuse phobie.
Car du travail il en avait.
Chanteur d’un groupe de rock allemand mondialement connu, il terminait l’enregistrement de leur quatrième album.
Et même quand il avait pris le temps de partir en vacances avec l’une de ses filles, il n’avait pas vraiment réussi à se débarrasser de cette désagréable impression.
Grand, très grand même, la carrure athlétique, cet ancien sportif de haut niveau, champion d’Europe de natation, avait abordé la quarantaine avec brio. Sa voix grave, profonde et forte, son charisme, faisaient de lui un personnage impressionnant et apparemment indestructible.
[...]
Les semaines passant, des cauchemars vinrent s’ajouter à son malaise. A peine était-il endormi que cela commençait.
Au détour d’un chemin, dans un couloir un peu sombre, dans une loge ou dans son appartement, il sentait à nouveau la présence qui le suivait, de plus en plus proche, passant d’un coin d’ombre à un autre. Il entendait sa respiration rauque, caverneuse, la voyait prendre forme avec effroi dans le coin d’un mur, d’un meuble, devenir gigantesque. Un monstre hideux, tout droit sorti des pires terreurs de son enfance lui sautait alors à la gorge et y plantait des crocs tranchants comme des poignards, le dévorant tout vif sans qu’il puisse se défendre. Pris dans des bras plus puissants que les siens, et tenu par des mains griffues qui se plantaient cruellement dans sa chair, il avait beau se débattre comme un forcené, rien n’y faisait. Il pouvait voir son propre sang couler à flots, maculer la bouche vorace et les serres, il avait même l’impression de s’y noyer au point de ne plus pouvoir crier.
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Le Vampire ne l’avait pas vraiment choisi. Il avait juste été attiré par son énergie, puissante, stable, et cette personnalité particulière qui en faisait un être à part et un hôte idéal.
Un corps solide, un esprit fort, l’expérience serait profitable, à n’en pas douter.
[...]
Il n’eut qu’à l’allonger sur le lit, et la déshabiller sommairement, les vêtement de ce siècle étaient vraiment pratiques pour cela, avant de lui faire pour la première et dernière fois l’amour.
Il aurait tout aussi bien pu lui causer une frayeur mortelle pour la vider vite et complètement de sa substance vitale, mais en la circonstance il préférait l’acte sexuel.
Quoi que, tout bien réfléchit, les deux pouvait être amusants aussi. Une bonne poussée d’adrénaline pouvait valoir un orgasme et le défi n’était pas pour lui déplaire. La peur tuait vite et bien. C’était l’arme rapide et efficace. Le sexe, le plaisir, prenaient plus de temps, mais donnaient aussi plus de satisfaction. Il avait le temps, n’était pas pressé, et n’avait encore pas eu l’occasion d’éprouver ses performances sexuelles.
Maître de la terreur oui, mais du plaisir et de la luxure également.
Contrairement à Till, le vampire n’avait pas le trac et le public ne l’impressionnait pas. C’est avec assurance qu’il avança sur le devant de la scène, plus impressionnant que jamais.
Totalement dans la peau de son personnage, il enchaîna les morceaux avec un charisme et une vigueur inattendues, s’amusant sincèrement à actionner les divers feux d’artifices, se baladant le lance flamme à la main.
Le public quant à lui semblait transporté dans une sorte de transe qui dura tout au long de la prestation des musiciens. Complètement captivé, presque hypnotisé par la présence du chanteur, il se laissait délirer au fil du spectacle, livrant sans retenue son précieux fluide, sa fabuleuse énergie à son idole.
Ce fut une véritable communion, une messe païenne à la gloire d’une musique et d’un public qu’un homme exceptionnel et particulier sut mieux que tout autre manipuler. La douleur était atroce et la peur pire encore ; il savait, il était certain maintenant qu’il allait mourir.
Il savait également comment étaient mortes les trois jeunes femmes. Il avait les réponses à ses questions et malgré qu’il sache avoir affaire à une sorte d’illusion, il n’avait pas la force de lutter contre elle.
Le monstre desserra son étreinte et le corps du jeune homme alla rejoindre dans sa chute ceux des trois femmes.
La vie était belle et valait vraiment la peine d’être vécue.Il se sentait nerveux, les choses à Bâle ne se présentaient de loin pas aussi bien qu’il ne l’avait envisagé, pourtant il savait qu’il lui faudrait d’autres victimes. Il ne pouvait pas rompre avec ses habitudes, ni avec ses besoins.
Mais la ville semblait complètement hermétique. Le service de sécurité avait si bien œuvré pour le confort et la protection du groupe que le chasseur avait toutes les peines à imaginer de quelle manière il allait s’échapper.
« Au diable la Suisse ! » pensa-t-il.
Les difficultés qui d’habitude l’excitaient, soudain l’irritèrent profondément. La musique démarra en trombe comme à chaque fois, le décor s’ouvrit, et il cessa enfin de penser. Se jetant sur la scène il n’avait plus qu’une envie, célébrer le plaisir sauvage de sa rencontre avec le public.
Immédiatement, le vampire se sentit mieux. Bien entendu, la foule y était pour quelque chose. Mais au bout de quelques chansons seulement, il remarqua qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Bien sûr, personne ne l’attendait.
« Qu’est ce que tu espérais ? » se dit elle, « la fanfare ?»
Elle chercha un siège vers l’une des portes de sortie et se laissa tomber dessus.
« Et maintenant que faire, attendre ? » Elle regarda un instant les personnes qui déambulaient tranquillement devant elle.
« Je te donne une heure mon gars, et après je prend un taxi et je me trouve un hôtel ». Elle resserra un peu mieux la grosse parka autour d’elle et s’installa plus confortablement dans le siège.
Il faisait pourtant beaucoup plus doux ici que chez elle, mais elle frissonnait. Elle était partie habillée chaudement, un jeans, un gros pull, de bonnes chaussures… Ce froid venait sans doute de la fatigue. Déjà la somnolence la gagnait.
Elle qui depuis des semaines ne faisait plus ni rêves prémonitoires ni rêves ordinaire, se trouvait depuis son départ de la maison pour l’aéroport, face à ces étranges cauchemars qui l’assaillaient au moindre assoupissement.
Par contre, finis les apparitions et les cris, ce qui en soi était déjà une bonne chose. Mais elle redoutait de retomber dans les délires poisseux et, espérer se réveiller dans l’heure fut sa dernière pensée avant d’avoir à nouveau cette sensation de chute libre dans un gouffre tourmenté.
Le cauchemar reprit de plus belle, poisseux, pénible, aberrant. Mais aussi brusquement qu’il était apparu, il laissa place à un sommeil lourd, profond, vide de tout rêve.
Pourtant, du fond de ce vide, son inconscient fut alerté, réalisa non seulement le danger, mais en identifia la cause.
Maintenant qu’il était là, il ressentait à nouveau ce bien être sauvage qu’il avait déjà connu lors du concert. Il se sentait irrésistiblement attiré à l’intérieur du bâtiment et lorsqu’il franchit la porte automatique, il aperçut rapidement la silhouette assise au milieu d’une rangée de sièges.
Il s’approcha très doucement, sans le moindre bruit.
C’était une femme d’une quarantaine d’années, un visage aux traits réguliers qu’il trouva jolis. Elle avait le teint des gens qui ont une vie saine et au grand air, des cheveux blonds et courts semblaient refléter le halo doré de son aura.
Elle dormait serrée, blottie même, dans sa veste, les bras croisé devant elle.
Il ne put résister plus longtemps à la tentation de savourer enfin le meilleur de son festin, s’accroupit devant elle, et délicatement, défit les mains agrippées aux manches du vêtement pour les prendre dans les siennes.
Ce qu’il en reçut était à la hauteur de ce qu’il avait imaginé.
Le fluide chaud entrait doucement en lui comme si du sang neuf s’écoulait dans ses veines. Ses nerfs se détendaient, son esprit devenait plus léger.
Le monde pouvait maintenant s’écrouler, seule comptait cette douce, cette merveilleuse énergie.Nosferatus!
C’était bien lui, égal à lui même, comme dans son souvenir.
Comment aurait-elle pu l'oublier ? C'était le genre de rencontre qui laisse des traces. Comme elle aurait souhaité que c’en fût un autre. Un de ses descendant, moins vieux, moins expérimenté, et peut être un peu plus vulnérable.
Mais non. Il fallait que ce soit lui, un autre n’aurait pas tenu aussi longtemps, n’aurait pas fait autant de dégâts.Elle ne résista pas, même si elle avait le sentiment d'être un animal que l'on emmène à l'abattoir. Depuis son départ elle savait ne plus avoir le choix. Et puis, qu'aurait-elle pu faire contre un tel homme ?
Il prit place à côté d'elle et l'enlaça comme on tient un trésor précieux entre tous. Elle s’appuya contre lui. Il sentait extrêmement bon et cette réflexion la surprit, même si elle n’avait pas pu faire autrement que de le remarquer.
Le taxi démarra, la fatigue, l'épuisement plutôt, la submergeait à nouveau.
Elle eut tout de même le temps de s'étonner de la rapidité et de la précisons avec lesquelles il avait réussi à la localiser.
Bien sûr il l'avait trouvée dans la foule du concert, mais l'espace était plus restreint et n'avait rien à voir avec Berlin, qui représentait tout de même presque neuf cents kilomètres carrés.
Nosferatus était un esprit redoutable, elle le savait, mais elle commençait à prendre la mesure de ce à quoi elle allait devoir faire face. Il avait pris considérablement de puissance en quelques mois, avait acquis un savoir important et une certaine expérience de vie, ce qui était unique chez un esprit qui tuait habituellement ses hôtes en quelques heures, au mieux quelques jours.
Il avait également pris la mémoire et une partie de la personnalité de son hôte, qui n’était pas le premier venu non plus.
Ce fut sur cette inquiétante constatation qu'elle perdit à nouveau conscience.
La tête blottie contre l'épaule du vampire se laissa aller et derrière les paupières closes, les yeux de Gabrielle ne virent pas les lumières de la capitale allemande déjà plongée dans la nuit, les longues et larges avenues bien éclairées, les badeaux tranquilles déambulant devant les magnifiques monuments.
Elle s'assit sur le lit puis enleva sa veste. Elle s'apprêtait à se lever lorsque Nosferatus revint.
- Et bien! En voilà une surprise. Je vois que tu récupères vite.
- Ne vas pas te faire des idées, et n'attends pas de moi des miracles, je tiendrai plus longtemps que tes dernières victimes, mais je ne suis pas immortelle. Alors économise-moi.
- Tu as déjà tenu plus longtemps que toutes mes victimes.
Nosferatus, qui se tenait jusque là debout face à Gabrielle, s'accroupit pour être davantage à sa hauteur.
- Tu es ce qui m'est le plus précieux, reprit-il. Ce à quoi je tiens le plus, mon plus grand trésor. J'imagine qu'un mortel à ma place te dirait qu'il t'aime, mais tu sais bien que j'ignore ce qu'est l'amour. Je sais seulement que tu es là et que je ne supporterais pas que tu t’en ailles.
- Tu me tuerais si je tentais de partir?
- Je suppose que oui. Ça me mettrait dans une colère terrible, et la colère me rend violent.
Gabrielle resta silencieuse un instant, puis reprit.
- Je resterai, je te le promets, je te le jure même. Pas parce que je crains ta colère, ni la mort, je sais qu'elle m'attend au bout de cette histoire. Je reste parce que je ne veux pas, je ne supporterais pas que tu assassines d'autres personnes et que, tant que je serais là, ça n'arrivera pas. Je reste aussi parce que je ne veux pas que mes enfants me voient mourir à petit feu sans savoir pourquoi ni que faire. En contrepartie je te demande de prendre soin de moi, de ne pas m'utiliser comme un vulgaire objet qu'on jette après usage.
- C'est correct, je dois en convenir. Et sois rassurée, j'ai bien l'intention de prendre soin de toi.
Le vampire se leva et alla ranger la veste de Gabrielle.
Ce qu'il venait de lui dire ne la rassurait pas du tout. Elle savait qu'il n'avait aucune parole et ne cherchait que sa propre satisfaction. De fait, lorsqu'il revint, il se pencha sur elle et commença à lui caresser le visage.
« Tu vas passer à la casserole ma vieille, » se dit elle.Elle avait la peau douce, la caresser était très agréable. Le vampire s’estimait chanceux, dans la mesure où cela aurait pu avoir de l’importance. Sa victime était une belle femme, selon les critères de son hôte en tout cas. Non pas parfaite, mais sensuelle dans tous les contours et les rondeurs d’un corps épanoui. Tout en elle était appétissant et incitait au plaisir. L’odeur sucrée de sa peau, la gestuelle même, la façon dont elle s’abandonnait, les soupirs qu’elle commençait à laisser échapper l’incitaient à poursuivre son exploration.
Il l’avait enlacée pour mieux sentir sa chaleur, promena ses lèvres sur la peau veloutée de l’épaule, remonta le long du cou, caressa la joue et fit mine de l’embrasser.
Il la senti frémir, se raidir, tenter de lui échapper.
Avec cette douceur infinie dont il était capable il déposa ses lèvres sur les siennes. Avec tendresse, il les caressa, fit fondre la dernière barricade derrière laquelle sa partenaire tentait de se réfugier. Il la sentit alors, avec la satisfaction du vainqueur, fondre entre ses bras, se livrer sans plus de réticences, et même s’offrir.
Extraits de Vampire,
roman de Patricia Cornuz.
да вот и я... интересно мнение Тилля на этот счет...
да, его мнения бы, хотелось бы услышать ))))
если книга написана, значит он согласился
наверное... хотя если честно, я уже вообще ничего не понимаю
А вот сколько его уговаривать пришлось, да и пришлось ли? =)
а вот это интересный вопрос
Даешь слэш в массы!!!
Даешь слэш в массы!!!
ненавижу слеш
KatjaRa, да вот и мне так кажется, что Тилль на такое бы не согласился....
Надеюсь, в будущих интервью к готовящемуся альбому, хотя бы во французских изданиях, что-нибудь об этой книге скажут.
я тоже, буду на это надеяться ))) потому что, мне стало интересно
+1 по поводу слэша
Ага, и Габриэлой, наверное, дочку писательницы зовут, вот девять из десяти... Астрид, блин, Линдгрен... =)
И почему же?
Lyra Glace
Берут вполне знакомый прототип, и пишут про него литературное произведение.
Определение вполне подходит по слэш.